Ma mère rit

Chantal Akerman

Gallimard

  • Conseillé par (Libraire)
    5 juin 2022

    Ma mère rit

    La réalisatrice Chantal Akerman raconte dans cet ouvrage les moments où elle restait auprès de sa mère. Elle savait que celle-ci, très âgée, ne supporterait pas de terminer sa vie dans ces lieux que l’on réserve à la vieillesse.
    Après une opération cardiaque, sa mère avait chuté du lit et s’était cassée l’épaule.
    Chantal doit alors rester quatre semaines auprès d’elle. Pour tenir le coup, elle écrit.
    Mère et fille s’aiment, c’est indéniable, mais ce lien est toujours singulier des deux êtres qui forment cette entité. Et ces deux êtres peinent à se comprendre. Pire, elles savent chacune ne pas pouvoir répondre aux attentes de l'autre, tout en ne mesurant pas combien leur dépendance l'une envers l'autre les constitue.
    Il y a des reproches, des constats, de la fatigue, des souvenirs aussi et la volonté que la dureté du présent ne les efface pas.
    Et puis, Chantal Akerman écrit de plus en plus une sorte de bilan existentiel, mettant en lumière ce qui la constitue et les liens toujours difficiles aux autres.
    Alors qu’elle étouffe auprès de sa mère, elle relate une relation amoureuse avec une femme rencontrée par le biais de Facebook. Ça commence par des messages, puis des textos et des courriels.
    Elle dit combien, là, dans leurs échanges, elles s’aimaient déjà. Et puis, la rencontre, un véritable cataclysme qui est devenu un enfer.
    Ce qui est beau dans cet ouvrage, c’est la façon dont Chantal Akerman écrit vrai, du surgissement de l’instant. On sent combien ce souci de vérité est en lien à la réalité vécue qu'elle veut restituer nue, dans tout ce qu’elle peut avoir d’anodin, de banal, de joyeux, de terrible aussi.
    Lire cette réalisatrice de son regard toujours blessé par ce qu’est vivre est un temps étrange, important. C’est une forme de communion existentielle, de toucher des mots ce qui fonde les êtres. Ce n’est pas outrancier que de poser ces mots-là.