Le quatrième mur, Roman

Sorj Chalandon

Grasset

  • Conseillé par (Libraire)
    8 juin 2014

    Le quatrième mur

    Georges se voit confié une mission par son ami Sam, hospitalisé et en fin de vie : monter la pièce Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Réunir un acteur de chaque camp pour voler deux heures à la guerre. Voilà donc Georges embarqué à Beyrouth où il rencontre des membres de tous les camps et où il se retrouve mêlé, contre son gré à ce conflit, où il est témoin des massacres de Sabra et Chatila en septembre 1982 et où il ne pourra pas rester extérieur à cette guerre.


  • Conseillé par
    17 février 2014

    Guerre, Liban

    Après "Mon traître" et "Retour à Killybegs", qui ne m'avaient pas convaincu, et parce que ce roman-ci a été Prix Goncourt des lycéens, je me frotte de nouveau au style de Monsieur Chalandon.
    Et j'ai l'impression de lire de nouveau le même roman : un jeune français, en mal de rébellion, part faire la guerre dans un autre pays. Après "mon traitre", le personnage principal a "mon druze". Agaçant, et liberticide !
    Cette fois-ci, le personnage principal prend réellement part à la guerre du Liban, au détriment de sa famille.
    Je ne me suis donc pas reconnue dans ce personnage qui, au départ, joue le Chœur, et qui, au final, se retrouve à jouer Antigone.

    Quel changement de point de vue, et pourquoi ce revirement ?!
    Alors certes, j'ai appris pas mal de choses sur l'écriture de la pièce "Antigone" en elle-même, ainsi que sur la guerre du Liban (pauvre pays....) Mais cela n'a pas suffit à mon plaisir de lecture.
    Une émotion, tout de même, lors de la description du camp de Chatila, le lendemain matin après le massacre.
    L'image que je retiendrai (attention spoiler) :
    Celle d'Antigone, pardon, Imane, morte à Chatila.....
    La citation :
    "Et puis il a tiré. Deux coups. Un troisième, juste après. (...) Il a tiré sur la ville, sur le souffle du vent. Il a tiré sur les lueurs d'espoir, sur la tristesse des hommes. Il a tiré sur moi, sur nous tous. Il a tiré sur l'or du soir qui tombe, le bouquet de houx vert et les bruyères en fleur." p.160.


  • Conseillé par
    2 décembre 2013

    C'est l'histoire d'un rêve insensé. Metteur en scène de théâtre, Sam rêve de monter le pièce "Antigone" au Liban, avec des comédiens issus de toutes confessions. Cloué par la maladie sur un lit d’hôpital, il charge son ami Georges de mener à terme ce projet extravagant.

    Lui aussi metteur en scène, un brin idéaliste, Georges va abandonner femme et enfant pour partir à Beyrouth et tenter l'irréalisable. Mais nous sommes en 1982 et les premières bombes tombent sur la capitale du Liban, entrainant Georges dans l'engrenage de la folie guerrière.

    Peu à peu, le quatrième mur (métaphore au théâtre du mur intellectuel séparant acteurs sur scène et public) va s'effondrer et confronter Georges à ses chimères et bouleverser sa vision du monde.

    A travers un bel hommage au théâtre et à Jean Anouilh, Sorj Chalandon, qui a été lui même reporter de guerre au Liban, transcrit de façon impressionnante et confondante de réalisme les traumatismes des combats, les corps meurtris, le bruit des bombes et l'odeur du sang.
    Un roman poignant, bouleversant, qu'on achève le souffle court et quelque peu secoué.


  • Conseillé par
    28 octobre 2013

    J'ai choisi ce texte pour Antigone, parce que cette pièce de théâtre fait partie de celles que je relis-revois sur scène toujours avec plaisir, et qui fait beaucoup réfléchir
    Un roman dur, tout est dit dès le départ, entre le prologue d'Antigone et le premier chapitre, c'est une tragédie que nous allons lire, pas d'espoir, la noirceur de la guerre dans toute son horreur, mais aussi la complexité des relations humaines, des choix, des engagements.
    Moi qui connaissais assez mal cette guerre du Liban, j'ai eu envie de faire quelques recherches en complément de cette lecture pour mieux comprendre les différentes forces en présence, les courants religieux, les lieux...
    Dur, mais l'efficacité de l'écriture fait que l'on s'accroche.


  • Conseillé par
    2 septembre 2013

    Antigone sous les bombes

    Sorj Chalandon est un ancien reporter de guerre. Le Liban, il connaît. Aujourd’hui encore, il est hanté par ce pays qu’il a vu sombrer sous ses yeux. Alors, il en a fait un roman merveilleux et troublant. En 1976, Samuel, réfugié grec à Paris, a une idée folle : monter " Antigone " d’Anouilh à Beyrouth, en pleine guerre, pour une représentation unique dans tous les sens du terme : Antigone sera palestinienne, Hémon, druze, Créon, maronite… Mais Samuel tombe malade et, six ans plus tard, c’est à son ami Georges, jeune professeur, qu’il demande de mettre en scène la pièce. D’abord réticent, Georges accepte le pari, part pour Beyrouth et se heurte de plein fouet à la violence sanglante qui règne dans la ville. Il y rencontrera des personnages à la fois courageux et pleins de contradiction, assistera à des scènes de guerre inouïes, sera témoin du massacre de Sabra et Chatila.

    La guerre peut-elle rendre fou ? Comment faire pour reprendre sa vie après elle ?  C’est la question qu’à chaque instant le lecteur se pose. Car Georges, naïf et perdu, n’en sortira pas indemne. Revenu en France, dans sa famille, il ne parviendra pas à retrouver sa place de mari, de père, d’ami. Il préférera repartir, certain que son destin est ailleurs. Sorj Chalandon a évidemment mis beaucoup de lui dans cette histoire. Sa vision de la guerre, de ceux qui la font, est d’un réalisme étonnant. La vie de Georges aurait sans doute pu être la sienne. Il faut parfois bien du courage pour tourner la page. Lui, des années plus tard, a préféré raconter.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    1 septembre 2013

    1974, « Samuel Akounis, juif grec rescapé de l’Holocauste», résistant grec et metteur en scène s’est exilé en France à Paris. Au cours d’une de ses interventions dans une faculté son témoignage frappe Georges un étudiant de vingt-quatre ans. Georges qui souhaite faire du théâtre a participé activement à mai 68 et depuis a embrassé d'autres causes. Une rencontre en forme d’électrochoc pour Georges un un brin candide et Aurore elle-aussi étudiante. Sam a un grand projet. Ambitieux, fou. Faire jouer Antigone d’Anouilh au Liban, « offrir un rôle à chacun des belligérants », « voler deux heures à la guerre, en prélevant un cœur dans chaque camp ».

    La pièce d’Anouilh est tout un symbole. Présentée pour la première fois en 1944 à Paris durant l’occupation allemande, elle était le signe que durant une tragédie une représentation de théâtre pouvait être un répit. Antigone où est question de terre et de fierté. Mais la santé de Sam décline et il est hospitalisé. Il demande à Georges de d’en occuper pour lui. Marié à Aurore, père d’une petite Louise, Georges ne peut pas dire non à son ami et part au Liban. Il découvre une situation complexe et des communautés qui occupent certains territoires. Il doit convaincre Druzes, Chrétiens, Musulmans d’accepter le projet de Sam. Mais le vrai visage de la guerre éclate et Georges blessé doit rentrer en France. Obnubilé par ce qu’il va vu au Liban, il n’arrive plus à goûter à son bonheur tranquille. Georges est devenu un homme hanté par cette guerre.

    Toujours avec une écriture aux mots qui sonne juste et qui collent au plus près des émotions, Sorj Chalandon nous plonge au cœur de la guerre au Liban et de la passion du théâtre. Et comme pour contrer la violence de la guerre, les passages de la pièce Antigone cités éclatent par leur beauté. Mais ce livre va plus loin. S’il démontre la force du théâtre qui peut rassembler au-delà des divisions religieuses ou culturelles, il nous rappelle que certains hommes une fois qu’ils ont vu le pire ne peuvent plus revenir à leur vie d’avant. Quitte à laisser une famille et à s’engager pour une cause.
    Une lecture forte, belle, dure par certains aspects et qui laisse une marque indélébile.


  • Conseillé par (Libraire)
    25 août 2013

    Un roman magistral!

    Bouleversant, Le quatrième mur est un roman coup de poing qui prend aux tripes. Dans un Liban en guerre, le projet fou de monter Antigone d'Anouilh en intégrant toutes les communautés en présence comme acteurs, devient une véritable plongée au coeur de la guerre à l'état brut, implacable et crue. L'écriture âpre, la plume précise et le style concis donnent une très grande force à ce roman poignant.

    Magistral !


  • Conseillé par
    23 août 2013

    Le quatrième mur, celui sépare les acteurs du public saura-t-il protéger nos héros ?

    Un roman sans faux semblants qui touche durablement, malgré une première partie un peu trop longue.