La Mandragore

Conseillé par (Libraire)
2 novembre 2019

La culpabilité est au centre du nouveau roman de Valérie Tong Cuong. Mais pas seulement : le mensonge, l’amour et leurs coûts intimes sont également au rendez-vous. Pax, comédien sans grand succès, passe rapidement à son appartement pour se changer : il est convoqué à une audition très prometteuse qui sera, selon toute vraisemblance, le vrai début de sa carrière. Venant de l’étage supérieur, il entend des bruits étranges, une sorte de lutte, surprenant pour un samedi dans son immeuble de bureaux habituellement tranquille. Pressé par son engagement et la joie de sortir bientôt de sa condition médiocre, il file à son rendez-vous. Sauf que ce qui s’est effectivement déroulé à l’étage va revenir dans sa vie à la façon d’un boomerang : les conséquences en seront terribles.
Un précédent ouvrage de cette auteur - Pardonnable, impardonnable - abordait déjà les petits arrangements nécessaires au maintien de l’équilibre au sein d’une famille. Ici, l’intrigue est moins vraisemblable, certes. Mais les questions qu’elle pose sont universelles et continuent d’interroger le lecteur une fois le livre refermé.
Alexandra, lectrice de la rentrée littéraire

Conseillé par (Libraire)
2 novembre 2019

Un monde loin des hommes, une île au milieu d’un fjord. Toute une colonie d’habitants va regarder grandir Andreas et sa sœur chez Johannes, l’ivrogne, entre haine, rejet et drames. C’est par un cliché gardé dans une boîte que l’histoire va commencer à se créer pour Andreas : une Studebaker vert pistache garée devant la Villa Jaune où ils habitent. Pas d’autres souvenirs que ceux racontés par le vieux, pas d’autres histoires que celles inventées par Minna et sa vie va basculer quand il reviendra, adulte, sur l’île de son enfance.
Roman très sombre, huis-clos qui nous écrase comme une chape de plomb. La profondeur psychologique des personnages, ainsi que le contexte historique nous tiennent en haleine. Rien n’est tiède et nous irons crescendo jusqu’à l’ultime violence. Un livre passionnant dont nous ne sortons pas légers, à l’instar de son héros.
Sylvette, lectrice de la rentrée littéraire

Conseillé par (Libraire)
2 novembre 2019

Sacha, 40 ans, quitte Paris pour s’installer dans la ville de V, avec le désir de bannir le superflu. "J’ai pensé : on voit mieux dans le peu, on vit mieux." Il retrouve l’auto-stoppeur, qu’il a bien connu une vingtaine d’années auparavant, marié, père d’un enfant. Petit à petit, l’auto stoppeur ressent l’irrépressible envie de continuer à partir, de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps, en solitaire, parcourant la France au hasard de ses communes, de Banquet à La réunion, de Duras à Balzac, de Doux à Joyeuse et ainsi de suite… Chaque parcours est l’occasion de rencontrer des conducteurs qui composent une grande mosaïque humaine.
À la fin du roman me sont venues les paroles d’une chanson des Compagnons de la chanson :
"Si tous les gars du monde
Devenaient de bons copains
Et marchaient la main dans la main
Le bonheur serait pour demain".
Ghislaine, lectrice de la rentrée littéraire

Conseillé par (Libraire)
2 novembre 2019

Dans ce livre dense et complexe, autant par sa narration à plusieurs voix, par ses allers-retours entre passé et présent, que par le choix du sujet, Joyce Carol Oates raconte ce qui ressemble à un fait divers. Un militant "pro-vie", Luther Dunphy, abat devant sa clinique un médecin pro-avortement, Gus Voorhees. Il est ensuite jugé et exécuté, laissant deux familles déchirées par le deuil et l’envie de vengeance. L’Amérique est aujourd’hui encore profondément divisée par le thème de l’avortement et l’auteur réussit à traiter le sujet sans tomber dans l’écueil du parti pris, même si on devine où va sa préférence. Elle fait montre d’une humanité bouleversante sans jamais tomber dans le pathos. Aucun des protagonistes ne suscite d’emblée la sympathie, il faut rentrer dans son histoire personnelle pour tâcher de le comprendre. Au-delà du thème principal, Joyce Carol Oates enrichit son récit en abordant de multiples thèmes secondaires : l’impossible choix entre ce qu’on pense être une mission et sa vie personnelle, la douleur et la difficulté d’être laid, le besoin de reconnaissance des enfants vis-à-vis de leurs parents, le rejet de la maternité, le deuil, les relations entre frères et soeurs... Qui sont les martyrs américains dont elle parle ? Sans doute tous ceux qui sont évoqués dans une société divisée, retranchée derrière ses a priori : enfants qui ne verront pas le jour, médecins assassinés pour permettre aux femmes de disposer librement de leur corps, condamnés exécutés dans des conditions atroces. La plume aiguisée et alerte de Joyce Carol Oates fait alterner les narrateurs invisibles et à la première personne, précipitant le lecteur dans une multitude de points de vue, le déstabilisant, le poussant à réfléchir, jusqu’à une conclusion inattendue et belle. On ne voit pas passer les quelque 850 pages de ce roman, qui est, de bout en bout, un appel à la tolérance et au respect d’autrui.
Emmanuelle, lectrice de la rentrée littéraire

Sabine Wespieser Éditeur

21,00
Conseillé par (Libraire)
2 novembre 2019

Maryam est une lycéenne nigériane, enlevée par la secte de Boko Haram. Récit du rapt, du voyage dans la jungle, de l’arrivée dans le camp, des mauvais traitements et des viols, du mariage forcé et de la naissance de sa fille Babby. Mais Maryam n’abandonne pas et réussit à s’enfuir avec son bébé. Son retour auprès de sa famille ne sera pas tel qu’elle l’attendait. Pour eux, elle est souillée. Seules sa foi dans la vie et sa force permettront à cette battante de renaître.
Edna O’Brien signe un roman haletant et poignant ; ce très grand écrivain de 88 ans est allé au Nigeria pour enquêter et rencontrer les jeunes filles qui ont réussi à s’en sortir. Nous sommes emportés dans cette terrible épopée à la fois atroce et magnifique, car Maryam ne plie pas et rebondit après chaque épreuve, grâce à sa soif de vivre. On en sort bouleversé et muet. Une mention spéciale aux traducteurs de talent : Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat.
Michèle, lectrice de la rentrée littéraire