L'espace d'un an
Ce roman raconte les tribulations d'un équipage, et s'intéresse tour à tour à chacun de ses membres : une pilote séparée des siens, un biologiste revêche, une technicienne loufoque, une IA qui voudrait avoir un corps à soi, un capitaine amoureux d'une pilote de guerre, un cuisinier dernier des siens, d'autres encore... et Rosemary, greffière nouvellement arrivée, qui intègre ce groupe petit à petit. Leurs histoires sont aussi variées que leurs préoccupations, mais tout ce monde a un point commun : une solidarité à toute épreuve.
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Comme souvent, Becky Chambers écrit des personnages qui n'ont pas forcément eu les meilleures conditions d'existence, qui ne s'en sortent pas forcément très bien, mais qui choisissent malgré tout d'accueillir et soutenir leur prochain. Je vous passe tous les qualificatifs qu'on plaque d'habitude à ce moment-là - bienveillant, inspirant, lumineux, que sais-je d'autre : c'est un roman gentil qui suit des personnages sympathiques*, et l'aspect science-fiction n'est vraiment qu'un bonus.
*Sauf le biologiste. Ce type est un ours mal léché.
EVOL
Il existe des personnages dotés de capacités surnaturelles que l’on nomme « héros ». Parmi ces héros, le duo formé par Lightning Volt et Thunder Girl patrouille la ville de Hiiragi, manipulé par le maire qui les envoie à la poursuite des « criminel.les » … les criminel.les en question étant majoritairement des journalistes essayant de documenter la corruption de l’édile.
Les capacités de ces héros sont acquises à la naissance, et rien ne permet de les développer par la suite : on naît héros, ou on reste toute sa vie « citoyen impuissant ». Pourtant, après être passé.es à un cheveu de la mort, trois ados développent elleux aussi des pouvoirs. Abusé.es et désabusé.es, iels choisissent de s’en servir pour détruire ce monde qui les fait souffrir, et forment un groupe qui fera bientôt des émules :
EVOL
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Les personnages de ce manga sont dessinés de manière expressive et réaliste, et si la méthode d'impression laisse à désirer, le style contrasté en noir-et-blanc (pas de gris) reste beau. Et les « héros » sont cooomplètement barges...
Transmetropolitan
Spider Jerusalem vit à la montagne, dans une baraque aussi loin que possible du reste du monde. Aussi loin que possible de la Ville, surtout, dans laquelle il était un journaliste au succès phénoménal. Une Ville où la médecine et la technique ont éliminé les soucis des riches, mais où les pauvres restent cantonnés à des ghettos immondes ; où de nouvelles sectes apparaissent chaque jour ; où la police ne sert qu'à fracasser les réfractaires ; bref, une Ville que Spider a quitté, parce qu'elle l'avait miné au point de l'empêcher d'écrire.
Sauf qu'il y avait signé un contrat pour deux bouquins, et que son éditeur les lui demande. Alors il va bien falloir y retourner...
Si cet ouvrage comporte une certaine violence graphique, ce n'est rien à côté de la violence verbale. Spider Jérusalem hait viscéralement un nombre effroyable de personnes - elles le méritent - et hurle son exécration. Pas d'exemples ici, mais il vous suffira de feuilleter pour savoir si ça vous éclate. Moi, c'est le cas.
Comme un oiseau dans un bocal
Portraits de surdoués
Sous prétexte de raconter l'histoire de Birdo et Raya, cette bande-dessinée explique ce que signifie être « surdouée ». Le terme est défini, mis en relation avec d'autres expressions (haut potentiel intellectuel, zèbre...) et des concepts qui y sont liés (hypersensibilité, quotient intellectuel), et chaque personnage relate la façon dont il vit cette caractéristique : si Birdo a été diagnostiqué tôt, ce qui lui a (un peu) facilité la vie, Raya vient de passer un test de QI et ne sait pas comment interpréter son résultat - 128 non significatif, quèsaco ?
Les concepts traités sont bien illustrés, les métaphores percutantes, la lecture de l'ouvrage est aussi intéressante que divertissante, et l'ensemble est une entrée en matière aussi riche que possible.
En plus, les animaux antropomorphes qui peuplent cette BD sont exploités pour des blagues.
« Je suis surdouée !
- Mais non, t'es un poisson. »
Le Déchronologue
Ce roman se présente comme le journal intime du capitaine Henri Villon, français de naissance mais pirate de confession, dans le Nouveau monde du 17e siècle qui a vu l'apparition de reliques fantastiques, dont la possession assure la richesse.
Les entrées de ce journal sont quelque peu en désordre, mais "l'ordre chronologique", comme vous allez vous en rendre compte, n'est pas si important : il n'a pas empêché, par exemple, une incursion de la flotte d'Alexandre le Grand dans le 17e siècle.
C'est justement pour éviter ces intrusions - comprendre : massacrer les intrus - que Henri Villon est approché par les Targuis, des personnages venus d'une autre époque qui tentent d'empêcher un cataclysme temporel. Considérant le nombre d'acteur·ices qui s'invitent dans les Caraïbes, c'est pas gagné...
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Le plus époustouflant, je trouve, c'est que le désordre apparent du récit - l'emprisonnement avant la capture, la référence aux événements de Noj Peten avant de savoir de quoi il est question - ne l'entrave en rien. Mieux, il permet de connaître les aboutissants d'une affaire avant ses tenants : déstabilisant au départ, le procédé permet de rappeler fréquemment des événements importants, et un incident lointain dans le temps sera souvent tout proche en termes de narration. C'est bluffant.
Moi en tout cas, je suis impressionné.
(copie de la note de lecture du grand format)