Sabine D.

Conseillé par (Libraire)
16 mars 2021

Le fabuleux destin de Mado

Ce roman retrace le fabuleux destin de Mado, née en 1936 au Cameroun, d’une idylle entre un jeune entrepreneur suédois et une jeune femme camerounaise. Arrachée à sa mère biologique, adoptée par un couple de colons français, bringuebalée d’un pays à un autre et confiée à un pensionnat catholique à Perpignan, son existence est régie par les conventions sociales, les bousculades de l’histoire, les errances et les arrangements tacites. Adolescente métisse, solitaire, introvertie, froide, livrée aux regards curieux, elle se laisse convaincre que sa vie est ainsi faite, même si elle n’est pas conforme à ses souhaits jusqu’au coup de foudre avec Marcel, qu'elle épousera en 1953 et avec lequel elle s’installera dans le village de Ceret, alors très prisé par nombre d’artistes en exil (Picasso, Dali, Miro, Matisse, Soutine, Chagall…). Tout le monde apprécie sa personnalité, son élégance, sa beauté et son professionnalisme, mis au service de l’art et de la culture à travers le développement du Musée d’art contemporain. Dans une langue riche et puissante l’auteur rend un hommage vibrant à Madeleine Petrasch dont la vie est un modèle de résilience, embarquée dans les remous de la guerre et de l’histoire coloniale, mais aussi dans une riche aventure artistique dont elle fut à la fois l’égérie et le bras armé.

Roman

Actes Sud

22,00
Conseillé par (Libraire)
12 mars 2021

Shayna, jeune femme, « syllabe isolée sans rime possible » ainsi qualifiée par l’auteure, est en quête d’ordre dans le foutoir de son identité, entre tentation de réduire son passé en miettes et de bricoler à partir de ruines pour se construire un avenir. Echouée à Ouagadougou avec son amoureux, elle convoque à plusieurs reprises la mémoire de ses ancêtres, descendants d’esclaves, en s’inscrivant dans une démarche d’appropriation d’une partie de ses gènes afro-américains. Déconnectée depuis l’adolescence de sa mère adoptive, elle caresse l’espoir vain de retrouver sa mère biologique. En prenant le parti d'une narration alternant entre différentes époques et lieux de vie des grands-parents et parents maternels catholiques et juifs, l’auteure introduit une dimension psycho-généalogiste pour aborder l'histoire de la famille de Shayna dont l’arbre généalogique, décimé par l’Holocauste, entraîne une impatience et un désir d’avoir des descendants et de transformer leurs branches en racines. La richesse de ce roman réside dans l’interférence de plusieurs questionnements posés par les différentes générations : désir d’enfant, gestation pour autrui, infertilité, maternité et légitimité à être une mère sans procréer.

Ou les mémoires d'une mère monstrueuse

La Martinière

21,50
Conseillé par (Libraire)
11 mars 2021

Une lecture réjouissante !

Pâqueline est une femme malmenée par la Providence. En 1798, elle vit seule, son fils embaumeur est en prison pour trafic d’organes et sa maison vient d’être incendiée. Il ne lui reste que son paon, P’tit-Becu qu’elle embarque dans l’appartement cossu de son fils, à Paris, où elle s’installe dans l’attente de son procès. Elle occupe ses journées entre les visites à la prison, ses activités illicites dans l’entreprise d’embaumement et la rédaction de ses mémoires sur les murs de l’appartement. A chaque pièce, le récit progresse par changement de décors, par périodes de sa vie et par le présent occupé à survivre à tout prix. En nous plongeant dans les remugles des temps révolutionnaires, le récit est tour à tour grinçant, clownesque et touchant. La monstruosité n’est pas là où on l’attend. L’auteure use avec talent d’un cynisme et d’un humour noir qui rendent la Pâqueline, attachante dans sa volonté de revanche sur la vie. Servi par un style truculent et gouleyant, c’est un magnifique portrait de femme qui se bat pour son indépendance, dans des temps troubles, résiliente face aux traumatismes d’enfance, marquée par un monde où les hommes dictent leurs lois et leurs désirs sans vergogne, avec force et brutalité. Une lecture réjouissante !

Mercure de France

23,00
Conseillé par (Libraire)
21 janvier 2021

C’est l’histoire d’une famille ordinaire américaine métissée vivant en Californie : Keith, le père issu d’une famille modeste luthérienne d’origine scandinave, Jaya, la mère d’une famille aisée indienne, les enfants, Karina, l’aînée et Prem, le cadet. Un couple bâti sur des bases solides mis à l’épreuve de la mort accidentelle du fils, 8 ans, alors sous la surveillance de sa sœur, 13 ans. Malgré leurs efforts pour un retour à une vie normale, le délitement s’opère inexorablement entre les trois survivants de la famille. Le récit choral à 4 voix se décompose en 4 temps : tour à tour, chaque membre de la famille, y compris le jeune défunt, intervient pour relater le cours de leur vie. Nous sommes immergés au cœur de la cellule familiale jusqu’au drame et à son implosion. Nous assistons aux différents processus de deuil, à la reconstruction ou à l’adaptation qui se fait de façon solitaire au fil du temps. Nous suivons le parcours de Karina, devenue adulte et tentant de se construire dans un milieu sectaire, « le Sanctuaire », réconfortant, puis vite étouffant. Enfin, nous partageons les retrouvailles d’une famille à nouveau réunie dans une ambiance apaisée, respectant le choix et la liberté de chacun. En nous plaçant à hauteur de chaque voix, l’auteure parvient, subtilement à nous associer à chaque temporalité, après la survenue d’un drame, en abordant de nombreux thèmes : différence culturelle, spiritualité, culpabilité et résilience.

Conseillé par (Libraire)
10 janvier 2021

Un récit puissant d’humanisme !

Le dessinateur, Emmanuel Guibert rend un hommage émouvant à l’amitié qui le liait à Mike, architecte américain, décédé d’un cancer dans la soixantaine. Il entretenait avec lui une relation en miroir : Mike lui a enseigné sa maladie, en bon pédagogue qu’il était avec ses étudiants en dessin. Il est celui qui a mené leur amitié depuis leur rencontre en 2007. Emmanuel est celui qui lui a donné des forces pour composer avec la maladie et faire un livre. En 2012, alors que Mike entre dans la phase terminale de la maladie, Emmanuel se décide à le rejoindre à Santa Fe pour qu’ils dessinent ensemble à la même table. Mike s’inflige une épreuve de force ultime : le dessin d’observation, en compagnie de son ami, afin qu’il prenne congé du dessin. Ce récit est une touchante et bouleversante confession sur l’importance du détail, de la compassion et de l’empathie. Emaillé de réflexions sur le temps, l’espace, les lieux investis, habités, les déplacements et les dépaysements, il nous apprend le métier de dessinateur, fait de rencontres, de recherche, et les connivences avec le métier d’architecte. Le dessin apparaît comme une tentative herculéenne de rester conscient en vie : dessiner toute sa vie pour préserver, capter l’instant, le réel à travers ses yeux et sa sensibilité. Magnifique leçon de vie de dessinateurs qui dessinent pour vivre le moment où ils dessinent. Un récit puissant d’humanisme !