Purge

Sofi Oksanen

Stock

  • Conseillé par
    18 novembre 2012

    Aliide, vieille femme solitaire et méfiante, trouve un matin devant sa porte une jeune femme contusionnée. Zara lui raconte qu'elle fuit un mari violent? Mais est-ce bien la vérité? Et Zara est-elle arrivée dans cette ferme estonienne par hasard?
    Les réponses vont apparaître au fil des flash-backs qui nous content toute l'histoire de l'Estonie, l'occupation nazie d'abord puis la domination soviétique.
    On découvre une Aliide jeune et amoureuse qui, au nom de cet amour dévorant, va trahir et détruire sa famille.
    Jusqu'à son indépendance en 1992, l'Estonie a été meurtrie et ses habitants n'ont guère été épargnés; guerres et occupations ont forgé une population qui a dû faire le difficile choix de résister ou plier.
    Un très beau roman qui, en mêlant les petites et la grande histoire, nous éclaire sur un petit pays méconnu. A lire absolument.


  • 8 décembre 2010

    LE roman à lire dans cette rentrée littéraire foisonnante…

    J’ai tout aimé. C’est un roman fort, mené d’une main de maître, un roman marquant, un roman complet, bref Le roman à lire dans cette rentrée littéraire.

    - Les informations sont distillées avec parcimonie, au fur et à mesure de la lecture et des époques. L’auteur entremêlent subtilement les récits : elle amorce d’abord l’histoire de Zara, jeune femme vivant en Russie et attirée par les lumières scintillantes des pays de l’ouest comme l’Allemagne. Puis elle dévoile lentement le passé d’Aliide, malheureusement amoureuse pendant la guerre du beau Hans, un résistant qui ne semble pas sensible à ses charmes… Les récits se succèdent, le présent s’intercale entre les passés des deux femmes, enrichi par la profondeur instillé dans ces récits rétrospectifs.


    - Au-delà des deux magnifiques portraits de femmes que nous offre l’auteur, c’est aussi une vision juste et abrupte des pays de l’Est après la guerre qui se profile en ces pages :

    « Tout se répétait. Même si le rouble avait été remplacé par des couronnes, si les avions militaires lui volaient moins au-dessus de la tête et si les voix des femmes d’officiers avaient baissé d’un ton, même si les hauts-parleurs sur la tour du Grand Hermann jouaient tous les jours le chant d’indépendance, il venait toujours de nouvelles bottes de cuir chromé, toujours de nouvelles bottes, semblables ou différentes, mais qui avaient la même façon de marcher sur la gorge. Dans la forêt, les tranchées s’étaient refermées, les douilles ternies, les blockhaus écroulés, les morts à la guerre s’étaient décomposés, mais les évènements déjà vus se répétaient. » (p. 336)

    - Un grand roman qu'il est impossible de poser avant de l'avoir terminé, je n'en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir toutes ses subtilités...


  • Conseillé par
    30 septembre 2010

    Un vrai grand roman!

    Estonie, 1992. Lorsque qu’Aliide Truu découvre une jeune femme dans la cour de sa ferme, elle se méfie. Qui est cette Zara ? Qui l’envoie ? Son histoire de mari auquel elle tente d’échapper est-elle vraie ? La vieille Aliide a connu la guerre, l’invasion allemande, celle des Russes, les trahisons, les tortures et la collaboration.

    Alors elle a surtout appris à se méfier de tout et de tous.
    Pas facile de résumer ce roman dense sans en dévoiler les secrets et les non-dits qui en font la trame. La construction adoptée par Sofi Oksanen est habile et efficace et couvre plus de cinquante ans de vie et d’histoire. Car ici les vies sont étroitement liées à l’histoire d’un pays et à celle plus large d’une partie de l’Europe. Portraits sensibles et terribles de femmes, Purge visite également les années de nazisme puis de joug communisme des pays de l’Est. Une histoire finalement pas si lointaine à laquelle nous avons souvent assisté en spectateurs lointains : l’URSS, Tchernobyl, l’éclatement de l’empire soviétique. Pour autant, Purge n’est pas un roman historique mais la chronique magistralement maîtrisée d’une famille broyée par la guerre et l’impérialisme, par la jalousie et les amours déçues et par l’Histoire. Un roman riche et intense, terriblement humain qui m’a tenu en haleine et que j’ai lâché presque à regret, avec dans la tête cette impression : il n’est pas si commun et bien agréable (!) de croiser un tel livre dans une vie de lecteur.


  • Conseillé par
    21 septembre 2010

    L’histoire débute en 1992, en Estonie, lorsque la vieille Aliide, qui vit seule dans sa ferme, découvre dans la cour le corps d’une jeune fille. Réveillée avec un grand seau d’eau, celle-ci commence à parler par bribes. Elle s’appelle Zara et a fui après une dispute avec son mari.

    C’est du moins ce qu’elle prétend. La vieille femme, sur ses gardes, décide de la faire entrer chez elle pour qu’elle se réchauffe, se change et se repose un peu. S’ensuit alors un long huis-clos de plusieurs jours, où les deux femmes vont commencer à s’apprivoiser.

    Aliide a vécu l’occupation de l’Estonie par les Allemands puis par les Soviétiques. Intelligente et pragmatique, elle a décidé de « faire avec » et de sauver sa peau et sa ferme malgré les trahisons et les compromissions nécessaires. Zara, elle, fait partie de ces jeunes femmes attirées par le mirage d’un ouest où l’argent coulerait à flots : elle est tombée aux mains d’un proxénète violent et sans scrupules qui la soumet à un esclavage sexuel.

    Le roman de Sofi Oksanen parle de violence. De toutes les violences. Celles faites aux femmes, en temps de guerre ou de paix, certes mais aussi de la violence que peut faire naître un amour non-partagé, celle des évènements historiques, ou encore celle que génèrent toutes les religions, les idéologies… Roman âpre et dur mais qui pourtant ne se fait jamais complaisant quand il s’agit de décrire certaines scènes difficiles, Purge donne aussi un autre visage à cette Europe que nous encensons tant. Un visage bafoué, taillé à la serpe et un regard qui hésite entre humiliation et défi. Roman d’humanité et d’espoir, ce livre fort est à mettre entre les mains de tous ceux qui cherchent de réelles nouveautés en cette rentrée « littéraire ».


  • Conseillé par
    20 septembre 2010

    Il m’est difficile parler de ce livre dense et puissant. J’ai longtemps réfléchi à ce que j’allais pouvoir vous dire car cette lecture a été très, très forte.

    J’ai tressailli à chaque bruit entendu par Aliide ou par Zara. L’ambiance de ce huit-clos est pesante, électrique. Entrecoupée par des flash-back, l’histoire d’ Aliide et de Zara est divulguée au fil des pages.

    Avec Aliide, on revit une période sombre de l'histoire, celle de l’Estonie pendant et après la guerre. Pays occupé par Soviétiques, les Allemands et de retour les Soviétiques. Mais parce sa sœur s’est mariée avec Hans dont elle était secrètement amoureuse, Aliide jouera double jeu.
    Un double-jeu dont le prix sera terrible.
    Les interrogatoires, l’humiliation et bien pire seront faits aux femmes et aux fillettes. Cette violence est comme des gifles que j’ai prises en pleine figure.
    Après que l’Estonie soit redevenue un pays libre, Zara aura eu comme tort de croire qu’à l’Ouest tout était facile. Une autre histoire, d’autres violences. Celles de jeunes femmes tombées dans les mains de proxénètes. J’ai ressenti de la nausée, du dégout…
    Les mots sont criants d’une vérité ignoble.

    L’écriture porte à bout de bras toutes les violences faites aux femmes.
    A lire absolument. Un très grand livre !