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    22 août 2013

    Sombre Estonie

    Nous sommes en 1941. La guerre fait rage, et l'Estonie est aux mains des Russes. Deux cousins fuient l'armée rouge pour rejoindre le camp de la résistance estonienne. Edgar est aussi naïf et indécis que Roland est sincère et courageux. Mais sous l'occupation allemande et le début du nazisme, ils sont vite séparés. On les retrouve vingt ans plus tard. Lorsque l'Estonie est de nouveau soviétique.

    Des années 1930 à 1960, les voix des deux cousins et de Juudit portent le récit. Tour à tour ils donnent leur version des faits, confient leurs angoisses et leurs peurs, au coeur d'un pays qu'ils ne reconnaissent plus. Juudit, la fiancée d'Edgar, tombe vite amoureuse d'un Allemand, et aimerait oublier ce qui a fait sa vie passée. Elle est la figure féminine qui relie les deux hommes, et celle qui les redoute en même temps. Mais c'est surtout à travers le personnage d'Edgar, le perfide, l'opportuniste, que l'on avance dans l'histoire. Sofi Oksanen peint une figure troublante et changeante. Informateur pour les Allemands puis écrivain communiste sans scrupule, il n'aura de cesse de changer de nom, et sera d'abord Edgar, puis Eggert, enfin Parts. Constamment du côté des vainqueurs, il traquera Roland jusqu'à la dernière heure.

    « Quand les colombes disparurent » raconte l'histoire d'un peuple qui ne sait plus à quel parti se vouer, et décrit les vies entremêlées de trois êtres en proie à des choix terribles. C'est aussi un récit historique. Le camp de concentration de Klooga, établi en 1943 et où furent déportés plus de trois mille Estoniens, juifs ou prisonniers politiques, est mis à nu. Sofi Oksanen fait la lumière sur l'histoire d'une terre occupée et meurtrie, où la population était partagée, divisée, presque bipolaire, encore sonnée du communisme et terrorisée des déportations juives. C'est l'espoir d'un peuple qui s'est senti sauvé à l'approche des Allemands mais qui a rapidement déchanté.

    Le roman de Sofi Oksanen, malgré une plume maîtrisée, n'est pas facile à lire. Il reste dans la veine de « Purge », fort et implacable. Miroir d'une Estonie peu et mal connue, il se fait l'écho de voix qui cherchent désespérément leurs destins, mais qui ne sont, au fond, que des humains, broyés par l'Histoire et le temps. Il est un roman sombre, sans joie nulle part, ni douceur entre les lignes, mais qui, parfois, laisse deviner un peu de clarté. Et pour appréhender le récit, pour le comprendre vraiment, il faut lire, puis relire. Mais lorsqu'on s'y cramponne, qu'on finit par y plonger, on est conquis.

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  • Conseillé par
    3 juin 2013

    1941: L'Estonie est communiste. Roland Edgar deux cousins ont déserté l’armée rouge afin de lutter pour la résistance estonienne. Mais c'était sans compter l'arrivées des Allemands. Roland dont l'épouse Rosalie est décédée, ne nesse de combattre l'envahisseur de façon clandestine. Opportuniste, Edgar retourne sa veste et devient Eggert Füsrt un fidèle défenseur du régime nazi. Juudit dont le mariage avec Egdar est un échec tombe amoureuse d'un officier allemand croyant enfin au bonheur.
    1963 : L'Estonie est de retour sous la coupe Soviétique et la chasse aux anciens partisans du régime allemand est ouverte. Le camarade Parts se charge d'écrire un grand récit sur à la glorification des Soviétiques. Lors de ses recherches, il découvre un carnet très compromettant pour lui où le nom de Roland apparaît. Manipulateur et mensonger, il est prêt à tout pour sa carrière alors que son épouse désabusée se noie dans l'alcool.

    A nouveau, Sofi Oksanen nous plonge dans l'Histoire et celle de l'Estonie. Trois personnages Roland, Juudit et Edgar se retrouvent face à des choix imposés par par la grande Histoire. Roland le juste qui connaîtra l'emprisonnement, Edgar l'opportuniste sans scrupules et qui cache soigneusement son séjour en Sibérie et Juudit dont l'amour est guidé par son coeur. Comme dans Purge, l'auteure alterne les périodes et les narrateurs. Et très vite, on devine qui se cache derrière le camarade Parts. Contrairement à Purge où l'on se prenait des paquets d'émotions en pleine figure, Sofi Oksanen détaille davantage l'Histoire à travers de nombreux dialogues .

    Purge avait un coup de coeur et peut-être que depuis je mets la barre trop haute ou alors le fait que l'auteure utilise la même construction m'a un peu déroutée. Mais si j'ai eu du mal à rentrer dans cette lecture, j'ai apprécié ce roman dense, fouillé malgré quelques longueurs.

    Dans ce roman où les femmes jouent un rôle important, l'auteure pointe les sacrifices et les trahisons, la faiblesse et la fragilité humaine. Ce livre complexe est exigeant ( à ne pas lire à la plage...)