Et puis après

Kasumiko Murakami

Actes Sud

  • Conseillé par
    29 juin 2016

    Japon, 11 mars 2011. Le sol tremble mais on a l’habitude. Au bord du rivage, les pêcheurs voient la mer reculer au loin. Yasuo sait qu’il ne faut pas rester à terre. Non il faut embraquer sur son bateau et prendre la mer. De retour à terre, Yasuo et les autres pêcheurs découvrent que les habitations sont détruites. De se maison, il ne reste plus rien. Avec sa femme Tokie comme d’autres habitants, ils doivent vivre dans un gymnase où la promiscuité éveille les querelles : "Lorsqu'il était témoin de telles scènes, Yasuo redoutait lui aussi de perdre la raison. Il ne fallait sûrement plus grand chose pour qu'un être normal soit pris de démence". "Yasuo craignait les relations humaines compliquées dans cet espace fermé et inconsciemment il restait sur ses gardes." et Yasuo s’enferme dans une sorte se léthargie.
    "A passer des jours dans l'oisiveté à ne savoir que faire, cloîtré dans un espace délimité par des cartons à être exaspéré par l'odeur d'ammoniaque et à dormir dès la mi-journée, il ne savait plus s'il était encore un être humain. Car telle une bête fauve, il se sentait devenir farouche et ces ravages s'aggravaient mais lui-même ignorait comment y remédier". Sa mère est portée disparue, les jours passent et se transforment en mois.

    Dans ce texte, Kasumiko Murakami nous décrit ce qui se passe après un tel cataclysme. L’horreur du tsunami et ses morts sont présents mais à travers le personnage de Yasuo, il nous fait vivre le quotidien des rescapés : la culpabilité, l’espoir qui s‘amenuise, le découragement. Comment retrouver après une vie normale même si l’on est vivant car il faut repartir de zéro?
    Avec beaucoup de pudeur et retenue, ce texte poignant se termine sur une touche lumineuse.

    "Dans le cœur de chacun des sinistrés, même longtemps après, le raz de marée noir et terrifiant déferlait, brisant les digues, et même si personne ne voulait en parler, cela restait une réalité. Ce souvenir demeurait ancré au fond du cœur et l’on avait beau essayer de s’en débarrasser, rien ne pouvait l’effacer."