• Conseillé par (Libraire)
    3 juin 2022

    Il est 15h30 et nous sommes toujours vivants

    C'est la guerre en Ukraine, dite de l'intérieur par cette écrivaine et photographe qui partage sa vie entre Kiev et Berlin.
    On saisit combien tout est donné à percevoir de plein fouet, dans l'incompréhension, dans la difficulté de penser, de devoir parer à l'urgence que rencontrent les uns et les autres, ceux-là même que l'autrice donne à percevoir des circonstances, des nécessités dans lesquelles elle les croise. La survie, l'organisation à s'entre-aider, la situation de chacun dont dépend la survie deviennent la seule évidence.
    L'Histoire fait son chemin du passé toujours plus lourd à digérer et broie les individus dans leur propre histoire.
    Dans cet ouvrage, à chaque jour de guerre, un chapitre.
    Chacun dit l'incompréhension, la perte de sens, et la présence autre aux autres, aux lieux aussi.

    Extrait,

    “ On ne parle pas avec une ruine. On l’observe et on l’interroge en silence, c’est un témoin muet de la guerre au cœur de la ville. Le regard qu’on porte sur elle, sa contemplation, donne à l’observatrice une certaine distance par rapport aux évènements.
    Que signifie cette distance ? Elle n’est en aucun cas d'ordre émotionnel, c’est un recul qui donne de la force et le sentiment qu’on peut soi-même contrôler à quelle proximité se trouve la guerre. La ruine réduit drastiquement la distance avec le conflit, elle engloutit, trace gigantesque d’une force inhumaine tout ce qui est humain, tout ce qui constitue la rue dans laquelle je me trouve.
    Je n’arrête pas de réfléchir à ce que signifie le fait d’observer dans la ville ces conséquences du bombardement. C’est une sorte de chantier, à ceci près qu’il ne construit rien : il détruit.”
    Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni.