Impossibilité des corbeaux, récit

Ignacio Padilla

Fayard/Mille et une nuits

  • Conseillé par
    28 octobre 2010

    Le titre, déjà mystérieux, se réfère à cette citation de Kafka: "Les corbeaux affirment quun seul corbeau pourrait détruire les cieux. Cela est indubitable, mais ne prouve rien contre les cieux, parce que les cieux nont dautre signification que limpossibilité des corbeaux".

    Et ce récit n'en emprunte pas moins au grand maître tchèque par son ambiance étrange et ses personnages en quête d'initiation.
    Il s'agit, comme souvent aussi chez Kafka, d'un château, de personnage pas vraiment humains, et d'une nuit plongée la tempête.

    Padilla place souvent ses personnages en tourmente psychologique dans un décore de seconde guerre mondiale. Ce coup ci, c'est dans un navire arrêté en pleine nuit en mer par la menace de torpilles, qu'un homme se réveille alité par le fantôme d'un passé fort lointain. Comme lui, il est un restaurateur, comme lui il a frayé avec la Confrérie et sa Grande oeuvre qui distribue des destinées à chacun, et comme lui il est devenu un "corbeau", un homme vivant du trafic et du vol d'objets d'art.
    Mais leur destin ne se croise pas au hasard sur ce bateau, mais par le trafic de statuts de démon, appartenant à un certain château, conçu selon des normes idéales pour accueillir le retour de celui que la Bible nomme le Rédempteur.

    Ce récit bref et mystique est réellement bien mené, les narrations s'emmêlent et se démêlent au fil des flots de ce bateau perdu en pleine mer. Sans apporter de réponse où donner dans le fantastique (nulle scène grandiose ici), Padilla installe une ambiance de mystère et de malaise digne des plus grands romans de Kafka.

    www.madamedub.com