Eireann Yvon

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Amoureux de la lecture et de la Bretagne, j'ai fait au hasard des salons littéraires de la région beaucoup de connaissances, auteurs ou lecteurs.
Vous trouverez mes chroniques ici :
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A bientôt.
Yvon

Conseillé par
11 février 2016

Nouvelles du temps jadis !

Auteur que je découvre (eh oui, j'ai de grosses lacunes) avec ce recueil (quatre nouvelles) très ancien. Ce livre existe en différentes versions chez plusieurs éditeurs.
La première qui donne son titre à l'ouvrage est divisée en une multitude de chapitres car c'est une nouvelle assez longue.
Un jeune homme, baron de son état, est pour une semaine en vacances. Détestant la solitude, son premier regard est pour les femmes qui sont présentes dans cet hôtel. Il s'en présente une grande et bien en chair, qui ne le laisse pas indifférent ! Sa bonne humeur renaît. Etant grand chasseur de femmes, il trouve la proie à son goût. La chasse peut commencer. La partie est engagée et pour séduire la mère, il se fait un allié, son fils. Mais celui-ci n'entend pas partager son nouvel ami avec sa mère, il découvre donc l'amertume, la jalousie et l'esprit de vengeance. Séduire le fils pour mieux séduire la mère, pas très moral tout cela. Un très beau texte et une très fine observation des réactions d'un enfant devant ce qu'il considère comme une trahison.
"Conte crépusculaire". Pas tant que cela en réalité, car la position de ce garçon n'est pas des plus désagréables, être "victime" d'une femme inconnue, mais amoureuse, n'est pas arrivé à beaucoup d'entre nous. Mais ensuite le dilemme devient plus perturbant. Être amoureux d'une des deux sœurs, alors que c'est la seconde qui vous aime… Mais les années vont passer.
"La nuit fantastique". Où ce qui semble n'être qu'une journée ordinaire dans la vie d'un homme désœuvré, entre champs de courses et conquêtes féminines va se transformer en plongée dans un monde inconnu composé de prostituées et de gens pauvres ! La découverte de soi au bout de la nuit.
"Les deux jumelles". Le sous-titre indique de style "Conte drolatique". Acceptons-en l'augure, car, jusqu’à présent les occasions de rire furent très rares ! Honnêtement je n'ai guère souri. Deux sœurs jumelles d'une grande beauté, Hélène la débauchée, Sophie la dévote, le vice malheureusement l'emporte souvent sur la vertu ! Cette histoire le prouve encore. Un beau texte.
Pas beaucoup de personnages dans ces longues histoires, un trio inhabituel, le baron charmeur, l'épouse seule consentante et le fils de celle-ci qui s'estime trahi. Une histoire qui ne manque pas de charme ! Un adolescent qu'un corps mystérieux et féminin enlace et embrasse sans qu'il puisse la reconnaître. Et il a le choix. Laquelle ? Un rentier revenu de beaucoup de choses de la vie va passer une nuit très particulière. Sortir de son monde peut être une expérience enrichissante ! Deux sœurs jumelles, mais opposées, jouent un jeu dangereux, mais le désir est le plus fort !
C'est très bien écrit, mais je ne suis pas sûr que ce style ait du succès chez les éditeurs. Cela peut paraître vieillot et trop descriptif pour le genre de la nouvelle contemporaine qui est plus resserrée, plus dense et souvent plus courte.
Mais cet avis n'engage bien évidement que moi, et j'admets très bien que les puristes me fassent un procès et me brûlent en place publique !

Conseillé par
11 février 2016

Écran sans tain.

Découverte de cet auteur suisse avec ce roman consacré au monde de la télévision. Télé, ton monde impitoyable ! Le monde de la télé par le petit bout de la lorgnette, ses querelles intestines et ses magouilles en tous genres !
Diane de Grangeneuve, née Roubillot, épouse de Jérôme Thibault, parle avec Brida, jeune danoise débridée qui lui narre ses premières expériences sexuelles et lui offre un joint… Pour Diane, l’engrenage commence !
Pour son époux, Jérôme Thibault, les ennuis commencent. Il est directeur des programmes, numéro trois dans la hiérarchie (et donc dans l’échelle des salaires) de TéléMax. Et les statistiques ne sont pas bonnes, pour ne pas dire mauvaises !
Pascal Crépoil est scénariste, pour employer un euphémisme, en attente d’un contrat. Et miracle, TéléMax lui propose d’écrire les épisodes d’un feuilleton qui devrait lancer sa carrière. Sauf que l’audimat ne suit pas et il est remercié séance tenante !
Pour tous ces personnages, la vie change du tout au tout !
Diane découvre, en écoutant sa jeune fille au pair, que joint et sexe ne sont pas réservés à la jeunesse. Elle devient belle la vie, car elle se doute bien que son tendre époux coure plus souvent qu’à son tour le guilledou ! Avec toutes les belles actrices qu’il connait, c’est quasiment obligé… alors pour en avoir le cœur net, elle envisage d’employer un détective privé.
Lui, le pauvre Jérôme au boulot, c’est l’enfer ; il est tenu pour responsable des mauvais résultats de la chaîne, son ennemie intime tente de lui piquer sa place… et le pire est qu’il se meure de désir et d’amour pour la sublime et aguichante Kim. Superbe Coréenne qui lui fait perdre la tête !
Pascal aussi vit mal sa nouvelle situation. Retour case départ, à peine parti, à peine revenu. Sa compagne vient d’avoir un enfant, il le fête, mais un peu trop. Alors il écrit des scénarii ; dans chacun il tue un cadre de la chaîne qui a pour le moins manqué de fair-play ! Par contre lui, les plaies, il les affectionne, les meurtres sont particulièrement imaginatifs, les têtes tombent… les épisodes sanglants se suivent…
Pour tout ce beau monde la réalité dépassera la fiction, certains finiront mal, pour d’autres au contraire « Elle est belle la vie ».
Les principaux protagonistes de cette « Piste aux étoiles » désopilante sont :
Jérôme Thibault de Grangeneuve, anti-héros pathétique et pitoyable ! Un peu tartuffe, et naïf au boulot comme dans la vie, il perdra beaucoup. Ambitieux sans en avoir les moyens, il n’attire pas la sympathie au contraire de son épouse Diane, née Roubillot, qui commencera une nouvelle vie.
Brita, fille au pair, par qui la fumette et le dévergondage arrivent, est une figure amusante et naturelle du roman.
Satire féroce, mais malgré tout pleine d’humour de l’empire audiovisuel.
La chasse au sacro-saint « Audimat » démystifié dans un livre jubilatoire.
J’adore ce genre de roman noir débridé, mais à la plume acérée.
Juste une petite remarque, mais je pardonnerais volontiers à un auteur suisse de ne pas trop bien connaître le football français mais :
TV Diff. 20h30 : football. Sochaux–Lens. Match retour de première division. En direct du stade Geoffroy Guichard. Commentateur : Georges Lepape et Rémi Fourcroy.
Il paraît quand même très étonnant que ces deux équipes se rencontrent à Saint-Etienne. C'est un peu comme si une rencontre de championnat chez eux entre Zurich et Genève se déroulait à Berne !
Mais c'est une peccadille comparée au reste de l’ouvrage qui est très bon !
Je n’avais aucune estime avant cette lecture pour les chaînes privées, strass et paillettes, mais encore moins maintenant !

Conseillé par
11 février 2016

Où suis-je ?

Où suis-je ?
Certains matins en ouvrant son courrier, on se pose la question suivante :
Pourquoi ai-je choisi de recevoir ce livre ?
Grosse fatigue ? Heure trop matinale ? Trop fumé la veille, non je ne fume plus ! Enfin, c’est une surprise, en plus je lis : Théâtre* Poésie. Je ne lis jamais de pièces de théâtre et presque jamais de poésie. Mais bon, mon sens du devoir m’appelle et le nom de James Joyce vient de me faire une belle farce.
Pour ce livre, sorte O.L.N.I. (Objet Littéraire Non Identifiable), il y a plusieurs manières de voir les choses. Vous êtes un lecteur classique, dans ce cas-là passez votre chemin. Si vous êtes un peu comme moi un lecteur un peu déjanté et sans idées préconçues, jetez-vous à l’eau (et non pas allo, quoi ?)
James Joyce fuit… est une pièce en un acte de 12 scènes, et Bavardage sur la… est une suite de 20 bavardages. Je vous épargnerai l’humour parfois corrosif de tous ces titres.
Une chose est sûre, c’est absolument délirant, mais terriblement frustrant à chroniquer ! On a l’impression de lire du Monty Python, revu par Flann O’Brien avec l’aide des Marx Brothers ! Accrochez-vous, cela décoiffe !
Des dialogues loufoques mais savoureux, des situations grotesques, bref du grand art.
Les principaux personnages, car, ne l’oublions pas, c’est du théâtre !
Pour « James Joyce Fuit… »:
HORDE LUI, LUI, JAMES JOYCE, HENRI MICHAUX, ANTONIN ARTAUD, ARTHUR RIMBAUD, ne sont qu’un seul et même personnage. Un lettré en somme !
Il y a aussi LOUISE et ses réincarnations, LA SOURDE-MUETTE, LA CONCIERGE ou LA REINE ROUGE. Et dans les personnages secondaires, désolé je suis dans l’obligation de faire un choix !
HERMAN MERVILLE et HENRY MILLER, HABITANTE DE MARS, HOMOXESUELLE MACÉDONNIENNE, UN INPECTEUR QUI EMPESTE LE SIROP PECTORAL (grâce à ce dernier personnage on devine qu’il y a une enquête policière, etc, etc… J’en passe et des meilleurs.
Pour « Les Bavardages sur la Muraille de Chine », certains sont moins connus : HUMPTY DUMPTY et son compère BUCK MULLIGHAN. Passent également sur scène LA PYTHONISSE À L’ŒIL DE VERRE, L’OREILLE SAGE D’UN PRESQUE RIEN, LA LANGUE DE PUTE DES PARQUES, MONSIEUR LUSTUCRU, qui me semble être bonne pâte, et beaucoup d’autres qui, j’espère, me pardonneront de ne pas les avoir cités !
Que dire de la forme et du fond ? C’est très original mais je ne suis absolument pas sûr d’avoir tout compris ! En effet les scénarios ne sont pas des plus évidents. Mais je serais curieux de voir ces pièces sur scène, car je pense qu’il doit falloir un grand nombre de comédiens !
Prenons par exemple les premières phrases de « Bavardage sur… » En espérant vous mettre en appétit :
HUMPTY DUMPTY :
- Marchant sur la Muraille de Chine, l'estomac tout gargouillant d'aise, je pensais à mon repas de la veille et à la déliquescence savoureuse de l'omelette dans le jus des rognons à l'ananas.
BUCK MULLIGHAN.
- Les poussières tournoient dans le soleil du matin, les porcelets chialent à la farce bête comme chou de la chèvre et du chou, en six vers alternés.
Alors, le verre, à moitié vide ou à moitié plein !
Personnellement j’ai bien aimé ce délire littéraire, même si je n’ai pas toujours bien compris où l’auteur désirait nous emmener !
Florilège de dialogues :
JACK L’ÉVENTREUR :
- Je suis innocent !
Je n'ai fait que jouer mon rôle !
Et maintenant, voilà que l'on me stigmatise dans les emplois de meurtriers, que l'on me condamne à ce jeu de Sisyphe pour des noces de sang en série, plagiaire involontaire.
L’OREILLE SAGE D’UN PRESQUE RIEN :
- J'écoute le silence des filles d'Ilion sur l’illimitation de l'horizon.
L’ÉPICIER ORACLEUX :
- Des histoires montées et mises en pièces à la Landru qui considère ses épouses sanguinolentes pour les mettre en boîte comme des sardines à la tomate.
BUCK MULLIGHAN :
- Sans l'eau-de-vie régénérant du quotidien, les visions du delirium tremens s'élèvent en délices battant les oreilles d'un duettino tumultueux.
HUMPTY DUMPTY :
- L'amour c'est le trublion de service !
Éditions : La maison Brulée. (2016).
Titre intégral :
James Joyce fuit… Lorsqu’un Homme Sait Tout à Coup Quelque Chose,
suivi de
Les Bavardages sur la Muraille de Chine.

Sur la trace du pire tueur en série de tous les temps

Grasset

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29 janvier 2016

Entretiens avec un tueur et ses proches !

Stéphane Bourgoin est « Le spécialiste français » des tueurs en série, mais de Gerard Schaefer il écrit ce qui suit :
- Depuis 1979, j’ai rencontré soixante-dix-sept tueurs en série. Chaque interrogatoire est difficile, stressant, usant d’un point de vue psychologique et moral, mais les heures passées en compagnie de Gerard John Schaefer restent parmi les plus marquantes de ma carrière.
Or étrangement celui-ci n’a pas la réputation d’autres tueurs en série au palmarès moins important si l’on peut dire.
Stéphane Bourgoin ne s’est pas beaucoup entretenu avec Schaefer, mais avec beaucoup de ses proches. Ex-femmes, ex-petite amie Sondra London en particulier, la journaliste Pat Quina, des policiers et autres personnes ayant côtoyé ce dangereux personnage.
Peut-on qualifier de normal son enfance et son adolescence comme le titre du troisième chapitre ?
Pas réellement, il me semble. Il s’habille souvent en fille et a des pensées suicidaires de très bonne heure, vers les dix ans, reconnaît-il ! Voyeur et obsédé par les culottes de femmes, il commence à espionner une de ses voisines (qui disparaîtra plus tard ). Fervent catholique, il cherche mais ne trouve pas grâce aux yeux de son père, s’isole de plus en plus. Ses moments de bonheur sont la chasse et la pêche et il a déjà des signes avant-coureurs de déviances sexuelles. La pendaison est un moyen de jouissance, il se servira de ce mode opératoire dans certains de ses crimes. Il prétendait avoir tué sa première victime, une jeune femme de 17 ans. Il fut un temps enseignant, puis tenté par la prêtrise.
Diplômé de l’école de police, il fut pendant peu de temps, il est vrai, policier. C’est durant cette période qu’il commençât à faire parler de lui en enlevant deux jeunes filles, pensant qu’elles étaient fugueuses. Elles réussissent à s’échapper, il invente une histoire abracadabrante que ses supérieurs ne croient pas. Il est révoqué et commence alors son sanglant parcours. Il est condamné à un an de prison pour la séquestration des jeunes filles. Puis il est emprisonné pour les meurtres de deux jeunes filles Susan Place et Georgia Jessup. Au cours d’une perquisition chez sa mère, la police découvre des éléments qui le relient sûrement à beaucoup d’autres assassinats.
Il faut remarquer malgré tout que les tueurs en série sont pour la plupart des gens se vantant de crimes qui n’existent pas ! Ici par exemple Schaefer, comme il a voyagé en Europe et au Maghreb, dit qu’il a tué sur 4 continents. Chose qui parait peu vraisemblable.
Il fut assassiné en prison et uniquement condamné pour deux meurtres dont il se disait innocent, hurlant au complot.
Un excellent livre sur un des tueurs les plus horribles de l’histoire (pourtant fournie) des serial-killers américains.

Michèle Astrud

Aux forges de Vulcain

19,00
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13 janvier 2016

Apocalypse Now !

La découverte d’un ouvrage de Michèle Astrud est toujours une surprise. Dans ce roman elle nous transporte dans un monde d’apocalypse, proche de sa fin.
Le monde est à l’agonie, Antoine Pitou vit dans un quartier déserté par ses habitants, ils ne sont plus que deux dans la rue. Sortir est une aventure, une épreuve de survie. Il a démissionné de son poste d’enseignant, son épouse est partie pour un monde plus civilisé, elle lui téléphone et espère qu’il vienne la rejoindre avec Chloé, leur fille. Mais celle-ci, suite à un choc émotionnel, est en institution depuis de nombreuses années, ce qui lui donne un prétexte pour rester où il est. Mais l’institution va fermer, donc il va retrouver la garde de sa fille, chose qui risque d’être problématique au vu des conditions de vie qui sont les siennes.
Il reçoit un jour un appel téléphonique de la part de Sonia, qu’il a fréquenté naguère, il y a très longtemps. Sa secrétaire lui annonce qu’elle tente d’organiser une exposition consacrée au travail cinématographique de celle-ci. Elle espère mettre sur pied une rencontre entre Sonia et des personnes l’ayant côtoyée. Mais Sonia décède subitement et mystérieusement, comme beaucoup de gens à l’heure actuelle. Au téléphone, sa secrétaire demande à Antoine d’aller dans la maison de famille de son amie et de prendre le maximum de documents avant qu’ils ne soient détruits. Ce n’est pas loin, une centaine de kilomètres, mais les transports n’existant pratiquement plus, l’idée est séduisante mais quasi irréalisable, surtout que dorénavant Chloé vit avec lui !
Et il doit surmonter un mal chronique… la peur. Et affronter une autre vérité qu’il a toujours voulu cacher, mais que Chloé redécouvre. Elle se souvient petit à petit, le pourquoi de son amnésie, de ces années dans cette institution…
Et le voyage se poursuit de plus en plus périlleux, il ne reste plus grand-chose de notre civilisation, la loi du plus fort est la seule qui subsiste encore.
Deux personnages principaux dans ce livre : Antoine Pitou et sa fille Chloé, qui entreprennent un long cheminement, se redécouvrir dans un voyage périlleux.
Deux voix, Louise, l’épouse et mère, partie ailleurs, la secrétaire, parente et amie veillant à la sauvegarde de l’œuvre de Sonia.
Une ombre resurgit du passé, Sonia, amour de jeunesse, ayant réussi dans le monde du documentaire cinématographique.
J’ai beaucoup aimé ce livre, j’ai toujours été un amateur de ce que l’on nommait dans ma lointaine jeunesse, les romans « d’anticipation », qui pratiquement toujours décrivent un univers qui se meurt.
Celui-ci est particulièrement réussi, le réchauffement climatique a fait des ravages, fournaise et sécheresse font des dégâts, le pétrole manque et l’eau aussi.
Une belle écriture, très agréable avec des descriptions très réalistes qui, malgré tout, font froid dans le dos.
Elle ne sera pas belle, la vie…