Conseils de lecture

14,00
Conseillé par (Libraire)
10 avril 2021

COMBATS ET METAMORPHOSES D'UNE FEMME

Édouard Louis, avec grande finesse écrit sa mère.
Il dit la femme empêchée. Pendant trop longtemps, la mère d’Édouard Louis s'est trouvée coincée dans la situation de femme, de mère au foyer.
Sans formation, sans revenu, sans réseau, sans permis de conduire, elle n'a d'autre perspective que celle de renouveler les gestes du quotidien auprès des siens. L'auteur donne à saisir à quel point chacun l'enfermait dans ce rôle, y trouvant son compte, le jugeant naturel.
Pourtant, sa mère a toujours été riche d'une aspiration profonde à une autre vie, portée par un esprit de révolte.
Entre les lignes, on imagine que peut-être, sans qu'il soit question de le mesurer, le devenir du fils a participé de l’émancipation de cette femme, présentant de façon plus générale une autre voie possible que celle que l'on s'assigne ou qu'on nous assigne socialement.
Le lien fort, de revisiter le passé au regard du devenir de la mère et du fils, est très émouvant à lire.


18,00
Conseillé par (Libraire)
9 avril 2021

LE PARFUM DES FLEURS LA NUIT

Leila Slimani accepte cette commande de Stock pour la collection Ma nuit au musée. Elle se rend cependant un peu à reculons à la Pointe de la Douane à Venise, de ne pas se sentir à l'aise avec l'art contemporain, de penser au roman en cours d'écriture aussi.
Elle erre, se confronte aux œuvres de l'exposition Luogo e Segni ( lieu et signes) et peu à peu affluent les souvenirs du père, le choix de l'exil. Surgit une réflexion profonde et sincère sur l'écriture, la sienne, sa fonction même.
On perçoit l'être de contradiction, d’ambiguïté que l'auteure est. On saisit la femme assoiffée d'indépendance, de liberté.
Et le lien aux œuvres se dessine peu à peu. De les lire, on imagine les voir.
C'est un ouvrage troublant, très agréablement surprenant.


13,00
Conseillé par (Libraire)
9 avril 2021

LA FELÛRE

Conte qui dit les enfances ; celle espérée, celle vécue, celle pensée et repensée.
Toute la force de l'ouvrage réside dans le choix du conte, qui dit les enfances ; celle espérée, celle vécue, celle pensée et repensée.
Un texte court, des pages aérées, ce qui n'empêche pas la densité.
Peut-être même est-ce ainsi fait pour nous permettre de respirer, de reprendre notre souffle.
Du conte, on se trouve directement renvoyé à l'enfance, à celle imaginée, puis celle digérée par l'auteur, à la nôtre aussi, forcément, de comparer ou de seulement se remémorer.
Très vite, ça bascule.
Mais tous les contes évoquent l'horreur, n'est-ce pas ? Il permettent de transcender, ou d'apprivoiser ou de donner à voir à distance.
Un livre dont on se souvient parce que ce qui s'y écrit demeure impensable, inimaginable, véritablement brutal.


ou Le mensonge du mouvement

Actes Sud

6,10
Conseillé par (Libraire)
5 avril 2021

Martha ou le mensonge du mouvement.

C'est un roman fait d'un long monologue, celui de Martha Graham imaginé par Claude Pujade-Renaud qui fut une de ses élèves, alors que Martha ne danse plus, ne parvient plus à créer.
Le texte est découpé en quatre parties (Respirer, Enfanter, Dérober, Expirer), elles-mêmes formées de courts paragragraphes qui font penser à des surgissements de pensées, de souvenirs, de sens donné a posteriori.
Pas besoin de trouver les images de la danse de Martha Graham comme perpétuelle exploration pour tenter de capter le sens du mouvement, pour saisir l'exigence imposée au corps comme matériau.
Peut-être ne faudrait-il pas chercher à dire ou savoir absolument ce que fouillé au-dedans et extirpé du corps ?
Martha a expérimenté, est sortie de toute convention, ne voulant en créer aucune, aurait toujours voulu percevoir le corps vierge de tout savoir, primitif, perpétuellement explorateur.
Le corps, fouillé à l'extrême, est outil à créer mouvement. Mouvement dont l'apothéose serait de faire oublier le corps.
C'est un texte dense, fait de fulgurances, intransigeant et questionnant. Y plonger, puis retourner y picorer, c'est explorer un monde que l'on croit peut-être découvrir ou connaître sans le savoir pourtant.


Roman

Philippe Picquier

14,00
Conseillé par (Libraire)
5 avril 2021

LES CHATS NE RIENT PAS

Les gens ne changent pas.

Renko, réalisatrice, invite Hayakawa, son ex-compagnon, scénariste, à venir dire adieu à Son, le chat qu'ils avaient décidé de garder lorsqu'ils vivaient ensemble, parce qu'il est sur le point de mourir.
Elle est aujourd'hui mariée à Miyata, journaliste.
Renko désire accompagner le plus longtemps possible Son mais elle est coincée par des contraintes professionnelles, tout comme son époux.
Spontanément, Hayakawa, qui est au point mort professionnellement propose de les aider auprès de Son.
Dans ce temps particulier, Hayakawa, et Miyata s'efforcent de trouver un équilibre, focalisés qu'ils sont sur l'accompagnement du chat vers la mort, sur le soutien qu'ils veulent offrir à Renko.
Chacun se retrouve face à soi, dans un temps à la fois intense et en suspension, comme une étape vers un après, l'après Son, à la fois triste et nécessaire.
Cet ouvrage a un charme discret, sans éclat et c'est tant mieux.
Il sonde en profondeur nos questionnements à vivre.